Sapa
Les Alpes tonkinoises
Sapa se situe dans le nord montagneux du Vietnam, à plus de 300 kilomètres de la capitale. Célèbre pour ses rizières à perte de vue, la campagne vietnamienne a aussi d’autres atouts à revendiquer. Retrouvez-les à travers notre première dans cette région.
Mosaïque de contrastes
Les disparités sont omniprésentes au Vietnam. Elles se manifestent fortement dans les classes sociales, l’architecture, les paysages et les ambiances. Si j’ai pu constaté ces contrastes lors de mes précédents voyages, c’est la première fois que je découvrais le caractère multiculturel.
Le Vietnam est constitué de 54 groupes ethniques, disposant chacun de ses propres coutumes et de sa propre langue. Occupé à 86% par les Vietnamiens (aussi appelés Kinh), les minorités restantes proviennent des pays frontaliers. Ils vivent aujourd’hui principalement dans les régions montagneuses situées aux extrémités du Vietnam, là où les sols sont les moins fertiles. A Sapa, on retrouve cinq minorités : les Hmong Noirs, qui occupent plus de la moitié de la population, les Dao Rouges, les Tay et les Dzay.
Sun Plaza (galerie marchande et point d’entrée vers Fansipan)
Une femme de l’ethnie Hmong Noir
Se loger
Sapa étant le point de départ pour de nombreuses activités, le lieu est très fréquenté et les infrastructures sont construites pour accueillir les fortes affluences touristiques. C’est le lieu idéal pour un court séjour.
Comme à notre habitude, nous avons préféré nous éloigner dans un village avoisinant, à Ta Van. Avec seulement 150 foyers, le rythme est ralenti et le mode de vie est minimaliste. J’ai aimé cet endroit pour son atmosphère bucolique et son calme. Entouré par la chaine de montagnes Hoang Lien Son, le lieu offre un cadre favorable aux randonnées, attirant de plus en plus de touristes à la recherche de circuits hors des sentiers battus.
Nous avons séjourné au La Dao Spa Homestay, qui bénéficie d’une vue incroyable sur les rizières en terrasse. Depuis notre chambre avec baie vitrée au petit déjeuner sur la terrasse, nous avons eu le plaisir de profiter d’un panorama dépaysant chaque matin.
Pour diner, nous avons été chez Quyen et Tung du Little village, à proximité du Lao Dao Spa Homestay. Les plats sont typiquement vietnamiens et préparés avec les légumes frais du jardin. La vue est également époustouflante, la maison décorée avec soin et la famille et les chiens offrent un accueil des plus chaleureux.
Informations pratiques
Ta Van est situé à 9 kilomètres de Sapa et il faut compter 250k dongs de trajet en taxi (~10€) + 75k dongs de taxe d’entrée dans le village (~3€). Le justificatif est à conserver pour chaque entrée dans le village.
Cat Cat est aussi une alternative à Sapa. Le village est bordé de champs de fleurs, de cascades, de ponts suspendus, de quelques boutiques d’artisanat, en somme la formule parfaite pour un village charmant. Mais victime de son succès, ce photomaton à ciel ouvert est envahi par les touristes en quête de la meilleure photo et les commerçants l’ont bien compris… Des enfants en tenues traditionnelles peuvent être photographiés contre rémunération, il est même possible de louer des tenues traditionnelles pour la journée…
J’ai eu le sentiment de découvrir un lieu aménagé pour le tourisme et occupé majoritairement par des commerçants.
S’émerveiller
Le mont Fansipan permet de rejoindre le toit de l’Indochine, à 3 143 mètres d’altitude. Le périple débute avec la traversée des faubourgs de Sapa à bord du funiculaire, suivi d’un trajet en téléphérique au-dessus de la forêt. Depuis les cabines, on peut profiter de la vue sur la vallée de Muong Hoa et sur la chaîne Hoang Lien Son. Mais notre départ tardif nous porte préjudice, le brouillard nous empêche d’avoir une vue claire et le vent nous ralentit dans la montée.
Si de nombreux grimpeurs font l’ascension à pied (~ 2 jours de marche), nous avons rejoint le sommet en un quart d’heure. Là-haut, la présence des nuages ne nous permet pas de voir la distance parcourue, le paysage est irréel, le froid glacial et le vent nous ramènent à la réalité.
Informations pratiques
Nous avons acheté les billets sur place, dans la gare de Sapa. Le prix du trajet A/R s’élève à 850k, soit 34€/personne (téléphérique + funiculaire).
Se réchauffer
Après avoir affronté le froid de Fansipan, nous nous sommes réconfortés autour d’une fondue vietnamienne, appelée “lẩu”. C’est un plat convivial à partager, où il s’agit de cuire des aliments dans un bouillon. Cette base végétarienne est composée de gingembre frais, de noix de muscade, de ciboulette, de tomates, d’oignon, d’ananas et de l’incontournable “nuoc-mâm” (sauce à base de poisson fermenté dans une saumure). Riche en saveurs, on retrouve du salé, de l’acidulé et du sucré.
Ce soir là, nous avons opté pour une fondue au bœuf. Une assiette de fines lamelles de viande est préparée, accompagnée de vermicelles, champignons Enoki, tofu et de chou.
Faible en calories, c’est un plat qui peut être décliné aux fruits de mer, au poulet, aux légumes aussi. A Sapa, la fondue au saumon reste la plus appréciée car l’élevage à basse température permet d’avoir un poisson à chair ferme, avec très peu de gras. Nous la testerons une prochaine fois.
Restaurant
Moment Romantic Restaurant, pour un “lẩu” dans le centre de Sapa
Se détendre
Enfin, nous avons découvert le bain aux herbes médicinales, héritage des Dao Rouge. Dans la tradition, prendre un bain le dernier jour de l’année permettrait d’accueillir la nouvelle en toute sérénité. Les herbes sont cueillies tôt le matin, coupées et séchées avant d’être infusées. Leurs vertus thérapeutiques et relaxantes renforceraient le système immunitaire et permettraient de guérir des douleurs musculaires, des rhumes et d’autres désagréments.
Nous avons tenté l'expérience dans notre auberge, au La Dao Spa homestay. Les intérieurs spacieux et la vue sur les rizières nous ont rapidement convaincu de prendre du temps pour soi. Quant au mélange de feuilles, il provient de l’entreprise SapaNapro, développée par une communauté de minorités ethniques. Ce moment de pure détente nous a permis de prendre le temps d’admirer une dernière fois les rizières, avant notre départ pour Bac Ha.
• Une région à part •
En somme, notre voyage à Sapa était la découverte du Vietnam qu’on ne connaissait pas et qu’on croyait connaitre. L’altitude, la diversité culturelle et le calme lui procurent une identité singulière.
Là-bas, nous n’avions ni famille, ni repère. La langue parlée aussi était différente et ceci brouillait mon impression de familiarité qui s’installait pourtant naturellement dans le reste du pays. Je ne m’étais jamais aussi peu sentie au Vietnam. C’est aussi là où nous avons rencontré le plus de difficultés pour communiquer, voyager et même agir. Que faire face à des enfants qui mendient ? Ils ont une dizaine d’années et sont accompagnés de nourrissons… Et ce petit qui vend des porte-clés seul, sans chaussure, il ne sait même pas lire le montant sur les billets qu’on lui tend ; évidemment, il n’a que 5 ans… On ne peut pas fermer les yeux mais on a cette sensation de participer activement à une dépendance touristique. Alors chacun fera ce qui lui semble mieux…
Ce séjour a tout de même permis un réel lâcher prise pour être pleinement initié à la campagne vietnamienne et c’est avec enthousiasme que nous partions pour Bac Ha, dans la campagne plus profonde.
Sources externes
